#Madagascar: Lettre Ouverte à Andry Rajoelina

Monsieur le Président de la Transition,


On comprend que la situation actuelle à Madagascar n’est pas des plus faciles à gérer. On comprend aussi que les circonstances actuelles ne dépendent pas uniquement de vous malgré le titre de Président de la Transition, obtenu à l’arraché lors des la nième édition des réunions à Addis Abeba. Mais notre tolérance s’arrête là.

Le pays est maintenant plongé dans une crise qui dure depuis presque un an. Les sacrifices requis aux malgaches au quotidien s’accentue de jour en jour.

Lors de ces réunions d’Addis Abeba, il a été convenu de créer un gouvernement d’union qui nous conduirait jusqu’aux élections. On attend toujours ce gouvernement. Les négociations sur la répartition des ministères sont visiblement ardues. On n’en attendait pas moins de politiciens qui y voient sans doute une manière de faire durer le plaisir de se faire appeller "Mr le Ministre". On est bien peu de choses après tout.

Cela n’est pas si grave. Ce qui est inacceptable, c’est que pendant que vous vous disputiez la part du gâteau, une solution pour sauver les emplois de milliers de personnes dans l’industrie du textile va partir en fumée car on a été incapable de trouver un consensus sur les positions de ces messieurs.

Apparemment, Mr Rajoelina, vous étiez à Nosy-Be pendant que la formation du gouvernement se négociait ferme. On comprend qu’il n’est jamais trop tôt pour commencer à faire campagne pour une élection présidentielle pour laquelle vous êtes normalement disqualifié (limite d’âge). Il est peut- être temps de penser un petit peu plus loin que le bout de son nez et prendre soin de ce "vahoaka" dont vous aimiez si souvent évoquer le nom et revendiquiez être le de facto porte parole. La région du sud où se trouve ses femmes Malgaches employées par des entreprises de l’AGOA est-elle une destination moins intéressante que Nosy Be ?

Est-ce la famine qui menace les enfants ou les dégâts écologiques de cette region qui vous font peur ? Est-ce que vous avez peur de vous retrouvez face à face avec votre ancien partenaire de combat, Monja Roindefo, que vous avez sacrifié sur l’autel de votre ambition ?

Vous avez pourtant trouvé un emploi pour Monsieur votre père auprès d’une compagnie pétrolière Chinoise qui opère à Madagascar. Je suis sur qu’il est aussi qualifié à la gestion de l’extraction pétrolière que Jean Sarkozy à l’EPAD. Mais ces milliers de femmes Malgaches de l’AGOA ne méritent-elles pas aussi de garder un emploi pour lequel elles ont fait preuves de leurs aptitudes?

C'est assez.

Faites preuve d’abnégation et allez vous battre auprès des décideurs de l’AGOA pour ces femmes. Personne au monde n’a une plus mauvaise opinion de vous que moi en ce moment. Et pourtant je suis convaincu que vous êtes capable de montrer aux décideurs de l’AGOA que retirer leur financement est une mauvaise idée. Ils retirent leurs billes car ils ne vous font pas confiance, la plupart des malgaches non plus. A aucun moment vous n’avez montré que vous méritiez le bénéfice du doute : organiser un coup d’état, se vanter d'un appui financier étranger pour faire tomber un gouvernement, donner le contrat du monitoring des elections futures a la SAGEM, pion de la Fancafrique (et qui a "fabuleusement marché" en Cote d'Ivoire), promouvoir le sieur Cdt ( ou colonel je ne sais plus) Charles comme chef de la sécurité, le laisser donner des leçons de droit dans des conférences de presse sachant qu’il a emprisonné et torturé des citoyens Malgaches.

C’est à cause de votre prise de pouvoir anticonstitutionelle que ces femmes vont perdre leurs emplois. La confiance des autres est une chose fragile qui se perd facilement. Et pourtant, on pense qu’il n’est pas encore trop tard pour faire ce qui est correct. Sauvez ces femmes qui n’ont rien demandé à personne. Les décideurs de l’AGOA ont eu la décence de répondre au public américain sur le pourquoi de cette décision. C’est à votre tour de faire preuve de transparence, si ce n’est sur le recrutement de votre père par SUNPEC, au moins montrez nous que vous avez essayé de vous battre pour ces femmes.

Il fut un temps où j’étais admiratif de vos talents d’animateurs de soirées. J’étais même intrigué par votre engagement politique. Ce temps là est révolu. Je n’ai maintenant que du mépris quant à vos qualités d’homme d’état. Un geste pour ces femmes serait un excellent début pour montrer que je suis dans le tort.

Respectueusement,

Lova