3/3/10

Impunité à #Madagascar: quelles solutions?

Je viens d’avoir une longue discussion avec une artiste malgache talentueuse et environnementaliste chevronnée sur la difficulté à soutenir une action positive sur le long-terme à Madagascar.
Elle disait:” On se bat pour éduquer les gens sur le tavy, pour encourager les jeunes à planter des arbres et à protéger le patrimoine malgache, pour sensibiliser le monde sur la disparition de la forêt malgache mais cela semble être totalement inutile quand on voit que au moment ou l’on parle la forêt de Masoala est encore pillée sans vergogne pour quelques millions de dollars qui iront dans les poches de deux ou trois bandits ”

Je n’avais aucune solution à proposer si ce n’est qu’ à force d’en parler peut-être que des actions concrètes vont se matérialiser, peut-être… Personnellement, je commence à y croire de moins en moins, les efforts fournis par bien nombres de personnes pour dénoncer des pratiques qui seraient inacceptables ailleurs sont plus ou moins improductifs si l’on considère que rien n’a vraiment changé et que le gouvernement semble plus enclin à écouter les desiderata de forces armées que les revendications des citoyens (personnel de santé ou journalistes citoyens ; ma foi, je comprends..).
Certains se lamentent que la communauté internationale est totalement inefficace, se saoule de grands mots comme démocratie, consensus et constitution qui n’aboutisse à rien si ce n’est à pénaliser encore plus le citoyen lambda. En toute honnêteté, qu’attend-t-on vraiment de cette communauté internationale ? L’Union européenne n’a-t-elle pas déjà prise des mesures assez franches ? Les rapporteurs d’Amnesty International n’ont-ils pas fait un état des lieux clair ? Je pense que la majorité pense qu’une intervention étrangère n’est vraiment pas souhaitable qu’elle que soit l’incapacité évidente des dirigeants à assurer un minimum de service pour la protection de ses citoyens et son patrimoine.
Quand les articles dénoncent un cout de la vie qui augmente à grand V, un service de santé inexistant, une insécurité grandissante ou les militaires vendent des armes aux bandits et un environnement dévasté, ce n’est plus à la communauté internationale d’agir, ni aux citoyens lambdas qui a déjà du mal à fonctionner normalement de protester. Les responsables, ceux sont ceux qui peuvent avoir un impact réel et qui font le « sambo miletika » ( faire le sous–marin en Malgache) en se disant qu’ils font ce qu’ils peuvent. Je parle de ceux qui ont une influence sur ce gouvernement ou qui en font partie. J’ai du mal à croire que tous ont du jour au lendemain laissé leurs consciences sur le bord de la route (maty heritreritra) en decidant de  faire un bout de chemin sur l’autoroute de la transition. Ils n’ont pas perdu la vue ou la capacité de lire les rapports qui disent que des millions de dollars se font sur le bois de rose quand les médecins ne sont pas payés. Je connais certains de conseillers de ce gouvernement et ils ne sont pas idiots. Alors à quand le courage de poser les questions qui fâchent ? A quoi sert la task force sur le bois de rose quand le trafic continue comme si de rien n’était ? Certains ont démissionné. Ma foi, si les raisons de la démission avait été plus limpides, j’aurai applaudi mais rien de concret n’a été dénoncé, hélas.
La crise actuelle exige que les politiciens fassent preuve d’une loyauté envers les citoyens qu’ils servent avant de servir une loyauté de parti. C’est aux proches du pouvoir et de Rajoelina de poser les questions difficiles, de ne pas fuir leurs responsabilités car eux seuls peuvent encore aider à rectifier cette trajectoire qui envoie des milliers de malgaches droits dans le mur.
Poser des questions dans ce contexte serait faire preuve de patriotisme. Ne demandant plus aux citoyens ni aux médias d’essayer de secouer le cocotier, ils ont déjà essayé, cela n’a pas abouti à grand-chose. Il est intéressant de voir comme c’est facile d’ignorer une crise sociale soit parce qu’elle est loin (pêcheurs et fermiers du Sud) soit parce qu’on a les bonnes œillères (ou vitres teintées).
J’aurai aimé pouvoir dire à mon amie qu’il y a une solution légale à l’impunité des gens au pouvoir. C’est souvent une illusion aussi bien aux USA qu’en France ou ailleurs. Mais elle est plus nocive à Madagascar car il n’y a pas de limite visible à l’impunité et la conscience collective semble avoir disparue. Sinon une partie de ces millions de dollars grâce au bois de rose aurait au moins permis de réduire la malnutrition des fermiers de la région de Masoala,  a quelques km des containers de CGM- Delmas. 

1 comment:

  1. Fully perceive what your stance in this matter. Though I would disagree on among the finer details, I feel you probably did an superior job explaining it. Positive beats having to analysis it on my own. Thanks. Anyway, in my language, there aren't a lot good source like this.

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