2/7/07

Octave Mannoni, controversial theorist on colonialism in Madagascar and dependency complex.

I was reading about the Malagasy's "cult of the dead" following Tattum's post on Famadihana when I found this rather unusual opinion about the implication of the "cult of dead" by Octave Mannoni: (Born in Corsica, Mannoni is a former professor of philosophy in Madagascar who later focussed on psychology and social studies):

"Equality among the Malagasy stems from their belief in the cult of the dead. "The dead are the sole and inexhaustible source of all good things: life, happiness, peace, and above all, fertility". In Madagascar, the father is the natural interpreter of the will of the dead. The dead are superior to the living because they are the source of everything and as a result of this belief all living Malagasy are equal [..]An inferiority complex does not exist among the Malagasy "because he knows whom he can count on, as they are all his equals, and not his superiors"...For the Malagasy, dependence does not equal inferiority [...]"

At this point in my reading, I needed to step back and try to understand what Mannoni meant by the constant reference to "dependence and inferiority" complex.
It turns out that his book "Prospero and Caliban: the Psychology of the Colonization" mostly inspired from the massacre of March 1947 is based on 2 concepts (borrowed from Shakespeare's play"The tempest" hence the name "Prospero and Caliban"): the inferiority (Prospero) Complex and the dependence (Caliban) complex.
This topic is a little too controversial and too psycho-analytical for me to elaborate further. However, here are a few common thoughts on Mannoni's ideas:

1) "One theory Mannoni applies to his study is his belief that humans accuse others of faults they find in themselves."
2) "Mannoni states that Europeans in Madagascar exhibit the need to feel highly regarded by others.[..]This (inferiority) complex falls into place especially for the colonizer with self-esteem that is not quenched, or more specifically raised, while in the presence of his own people, where he feels that he can not compete."
3) "After being forced out of the stable routine of their tribal society by colonizers, the Malagasy tasted abandonment for the first time. Mannoni believes that the lack of stability caused a strong reliance on the colonizers.[..] The drive to avoid a sense of abandonment results in dependence."


His theories were highly criticized by renown authors such as Aime Cesaire and Frantz Fanon.
As I say, I will not comment further because of my lack of knowledge on the matter at hand but I would love to hear your opinion on Mannoni's work or if you have updated knowledge of the number of casualties from the March 1947 massacre (here estimated at 89,000 deaths).

For my part, I will leave you with a quote and a story. One is a Malagasy proverb from Mannoni's book; the other is a critic of Mannoni's conclusions on the dependency complex from a personal anecdote Manoni wrote in his book by Maurice Bloch (in French, apologies for the english-speakers only).

1) "Ny olombelona hoatra ny ladimboatavo, kara fotorana, iray ihany" (The living are like the branching of a pumpkin stem, at the base there is but one stem.)

2) "Apprenant un jour que son entraîneur de tennis souffre d'une crise de malaria, Mannoni se rend chez lui pour lui apporter des médicaments antipaludiques. Ce qui s'ensuit est, aux yeux de Mannoni, une vérification de sa théorie de la dépendance. Il se passe en effet qu'au lieu, une fois guéri, de lui manifester la reconnaissance attendue par Mannoni, le jeune moniteur ne va plus cesser de lui réclamer de menus cadeaux....

De prime abord, la conduite du jeune homme apparaît à Mannoni comme étant soit répréhensible soit illogique...
l est intéressant d'examiner ce que Mannoni manque de percevoir et de faire en aboutissant à cette conclusion[...] Il n'a pas une seconde l'idée d'aborder le sujet avec l'intéressé ou d'en parler avec un Malgache. Troisièmement, il ne songe pas à observer la façon dont les Malgaches se traitent entre eux. Au lieu de cela, dans la plus profonde ignorance des circonstances de la vie quotidienne malgache, il s'empresse d'élaborer un scénario psychologique susceptible de « cadrer » avec le comportement qui l'intrigue et il cherche du renfort du côté d'auteurs comme Adler dont rien n'indique qu'ils en savent plus que lui sur Madagascar ! [...]
Les demandes de dons, réciproquement adressées, ont pour fonction d'instaurer et de perpétuer une relation sociale égalitaire ; La parité sociale se manifeste par ce biais. [...] il (moniteur de tennis) attendait certainement de Mannoni que celui-ci se conduise de même et lui adresse, de semblable façon, des demandes de présents. Or Mannoni, par ignorance, a réagi exactement comme l'entraîneur de tennis craignait vraisemblablement qu'un Européen ne réagisse. Il a manifesté, aux yeux du jeune homme, son refus de l'établissement d'une relation d'amitié [...]"

Une demande de cadeaux reciproques comme forme d'amitie, c'est chose commune a Madagascar !?

Bio de Octave Mannoni en francais
Bio of Mannoni in english.
Manoni's book: "Prospero and caliban: the psychology of colonization".
La Critique du livre de Mannoni par Maurice Bloch ( London school of economics ) en francais.
Massacre de Mars 1947 : etats des lieux. et plus.




8 comments:

  1. >Une demande de cadeaux reciproques comme forme d'amitié, c'est chose commune a Madagascar !?

    In fine "ny atero k'alao" [le fait de rendre la pareille (zébu, riz, argent) d'une famille à une autre lors d'un deuil ou d'un événement festif] peut-être considéré comme une forme élaborée et subtile de ce 'commerce' de l'amitié, 'on ne se prête qu'à soi-même'.

    Par contre il est vrai que refuser de se prêter au jeu du marchandage au marché ou Vodiondry [au mariage traditionnel] sera perçu comme une attitude arrogante traduisant une volonté d'imposer une supériorité.

    La question reste ouverte pour moi car il faut se demander dans quelle mesure les citadins gardent encore intact la tradition :) beau post Lova MERCI

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  2. Coucou Tomavana,

    Exact, le vodiondry, j'avais oublie l'un des aspects essentiel de cette ceremonie.
    J'avoue avoir vecu une situation similaire au lycee. La maniere dont un camarade de classe demontre qu'il a envie d'appartenir a ton cercle social, c'est encore en demandant :"tu n'aurais pas une clope ?", n'est-ce-pas ? ;) Plusieurs fois j'aurai aime en avoir une. Non pas pour en fumer une moi-meme, mais ca m'aurait permis de montrer que je n'etais pas contre son offre d'amitie. :)

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  3. Comme le dit Tomavana, nice article lova. J'aime beaucoup la manière dont tu traites ce sujet. Je découvre aussi Manonni aux passages, et merci pour tous ces liens :)

    pour la théorie numéro trois (la haut) je serais tenté de faire comme Cesaire et dire que c'est les européens qui ont mis en place le zarazarao anjakana "diviser pour reigner", source de tout les conflit en afrique. Ils ont tout calculé en fait mais on le savais déjà.
    Ce qui m'emmène tout de suite à aborder ta question


    Une demande de cadeaux réciproques comme forme d'amitié, c'est chose commune a Madagascar !?

    En lisant la petite histoire je vois l'image même de la colonisation, j'ai l'impression qu' actuellement on (pays ex colonie) demande à la France de remonter l'ascenseur, car on leur a tout donné quand ils étaient chez nous et que maintenant on veut qu'ils nous rendent qlqchose en retour pour être sûr qu'ils sont nos amis, et qu'on veut le max pour être certain qu'on ne s'est pas avoir ... en tout cas, à la lécture de ton post, je me rend compte que j'ai un peu ce comportement en tant qu'immigré ici.

    Si la réponse est oui, c'est qu'ils nous ont étudié dès le départ :D et Manonni est une preuve de plus (à mon humble avis) qu'on s'est fait b***é :D Ils ont calculé tout les détails de nos comportement, ces ba**rds :D

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  4. Salut Hjk,
    Voici une autre phrase notoire de Mannoni qui touche sur ce que tu as dit sur le but de la periode coloniale:
    "In spite of all their love and devotion, the doctors, missionaries, and so on can hardly be called disinterested observers, if only because they came with the idea of changing, converting, civilizing . . . we need to bear this purpose in mind; we need, that is to say, to take into consideration the situation"
    Cela parait comme une evidence mais la periode coloniale avait un but socio-economique precis pour l'Europe en ces temps la un peu a l'instar des interets economiques des US en Irak....Bref, meme rengaine a des periodes differentes. C'est l'hopital qui se fout de la charite en somme...

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  5. I'm going to make like those people who answer surveys and respond "no opinon" and state my ignorance of the subject. do i get brownie points for commenting?

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  6. Mosi :),

    I am sure you have got your own take on whether colonized countries had a withdrawal syndrome when the Europeans left or not... I am guessing you are calling BS on that notion, am I right ? ;)
    Brownie point from me won't help much I am afraid :D

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  7. Bonjour,
    Sur ce sujet,peut-être serez-vous intéressés par mon article "Le contre-transfert à l'épreuve des textes" http://pagesperso-orange.fr/geza.roheim/html/ctransfr.htm
    dans lequel je parle longuement de Mannoni et Madagascar.

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  8. Merci pour le lien et le partage de l'information sur Mannoni et Madagascar.

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